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Ce que j’appelle oubli (Laurent Mauvignier)

 

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Son style désormais consacré, hagard, submergeant, inextinguible, fait une nouvelle fois mouche. Après les raz de marée des précédents romans, dans lesquels des êtres blessés tentaient de résister au flot de l'Histoire, une extermination individuelle en catimini, sans cris ni témoins. Pour passer de l'infiniment grand à l'infiniment petit, de la page d'histoire collective au brouillon de vie jeté au caniveau, Laurent Mauvignier s'est glissé dans un tout petit livret de survie. Son nouveau roman est composé d'une seule phrase de soixante pages, expectorée comme un dernier souffle, où la panique le dispute à l'espoir (« ils vont arrêter de frapper, je vais retrouver mon souffle, ça ne peut pas finir ici, pas maintenant et pourtant il ne pouvait plus respirer ni sentir son corps ni rien entendre, ni voir non plus et il espérait malgré tout, quelque chose en lui répétant, la vie va tenir, encore, elle tient, elle tient toujours, ça va aller encore, ils vont cesser parce qu'ils vont comprendre que ma vie est trop petite dans mon corps et qu'elle s'amenuise trop maintenant pour durer plus qu'une bulle de savoir qui monte et éclate »).
Ce cri de révolte contre l'effervescence des existences que la misère a rendues transparentes est d'une insoutenable stridence. Mais l'écriture est là, attentive, suspendue, pour offrir des parenthèses de réconfort. En signe de résistance, ce que Mauvignier appelle l'oubli, c'est le souvenir, ce droit à continuer de vivre dans le havre des têtes accueillantes.

Marine Landrot, Télérama n° 3193 - 2011

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Photo S. Bassouls

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